Impliquer les parties prenantes pour transformer les idées en solutions innovantes
Boxer les idées : un outil d’intelligence collective
Innover dans une PME, c'est une activité à la fois vitale et pourtant semée d'embûches. Vitale, parce que les marchés sont sans cesse bousculés par de nouveaux entrants, de nouveaux usages, de nouvelles technologies. Difficultés, parce que les idées innovantes vont se heurter à un enfilement d'obstacles qui vont petit à petit les ralentir, les affaiblir pour finalement souvent les détruire.
Ces obstacles sont variés et parfois légitimes. Ils s'appellent « manque de ressources », « menace sur le marché existant », « menace personnelle », « inertie et rigidité de l'organisation ».
Une image, ce serait ces centaines de tortues nouvellement nées qui doivent traverser la plage pour atteindre la mer et poursuivre leur maturité et qui sont inexorablement dévorées par des prédateurs. C'est la stratégie du grand nombre qui permettra à quelques-unes d'entre elles de survivre et de perpétuer l'espèce. Il en est parfois de même pour certaines de ces idées qui ont su s'imposer grâce à l'opiniâtreté du porteur d'idée, à son réseau, à son intelligence et son talent.
J'ai pu moi-même observer ces parcours chaotiques. S'il est bien souvent assez facile de réaliser un prototype ou une preuve de concept, transformer ce prototype en un produit ou service mis sur le marché tient de la gageure. Mon hypothèse c'est que bien plus que le manque de ressources ou l'absence de processus de conduite de projets innovants, ce qui mine la démarche c'est la difficulté de se mettre dans la peau de l'usager final ou pour simplifier: ton intérêt n'est pas mon intérêt! C'est particulièrement vrai dans une PME où le manque de ressource va opposer l'intérêt du porteur d'idée et les missions et priorités des personnes qui pourraient pourtant l'aider à la faire murir.
Bien sûr de nombreux outils et techniques existent pour contrebalancer cette tendance naturelle. J'ai pour ma part été emballé par une méthode pratiquée par la communauté d'innovation Renault sous l'impulsion de Mme Dominique Levent et M. Fréderic Touvard et qui s'appelle « Boxer les idées ».
Nietzsche disait : « Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort ». Boxer les idées c'est tester leur robustesse et ainsi identifier celles qui méritent d'aller plus loin.
Concrètement, comment ça se passe ? La séance à laquelle j'ai eu la chance de participer lors de l'École d'Automne en Management de la Créativité s'est déroulée de la façon suivante.
Elle débute par un pitch de 10 minutes environ où le porteur d'idée présente son projet, sa proposition de valeur, et les points clés de son business model. L'assemblée est séparée en deux groupes, d'un coté les chevaliers, de l'autre coté les dragons. Les chevaliers vont être les défenseurs de l'idée tandis que les dragons vont en être les assaillants. Chaque groupe est subdivisé en petites équipes de 4-5 personnes. Chaque équipe de chevaliers va s'attacher à mettre en avant les éléments de valeurs et va chercher à proposer des améliorations ou des extensions. En face, chaque équipe de dragons va se concentrer sur les risques qui pourraient faire que l'idée soit un échec et proposer des solutions alternatives pour réduire ces risques.
Après un court temps de préparation d'une quinzaine de minutes, les armées vont s'affronter sur le champ de bataille. Les équipes de dragons vont d'abord entrer en lice en s'adressant aux chevaliers et en listant tout ce qui peut mettre l'idée en péril. Puis ce sont les chevaliers qui répondront aux dragons en décrivant pourquoi l'idée ne peut que mener au succès. L'ensemble de la session dure environ 45 minutes et se termine par un retour à chaud du porteur d'idée. Le bénéfice de ces joutes c'est de confronter le projet à d'autres visions et ainsi de permettre de compléter l'analyse et de rendre le projet plus robuste.
Au delà de l'aspect ludique, il y a deux choses qui m'ont frappé dans l’utilisation de cet outil. La première c'est que quel que soit le rôle que l'on tienne, chevalier ou dragon, on va proposer des suggestions d'amélioration similaires.
La seconde, et à mon avis l'aspect le plus puissant de cet outil, c'est sa capacité à fédérer. Parce que, que l'on soit chevalier ou dragon, la session a transformé le spectateur en acteur et l'a projeté dans le futur du projet, l’a incité à en visualiser le succès ou la manière d'éviter l'échec. Et cela a radicalement changé la posture du participant. Au lieu de voir cette idée comme une menace, il a commencé à la voir comme une opportunité avec suffisamment de valeur pour mériter de s'investir et ainsi lever les obstacles qui sont sur sa route.
Très facile à mettre en œuvre c'est devenu pour moi un outil précieux dans sa capacité à transformer les pratiques d'innovation et à porter les projets innovants au-delà du stade de prototype.
Emmanuel Helbert
Innovation Management, Communications Business Division
ALE International
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